La Paix

Trois jours pour parler de la gouvernance mondiale

Ils sont tous à Paris depuis dimanche pour le Forum sur la Paix. Quasiment tous les dirigeants politiques ont répondu présents au Forum, à l’exception du Président Américain qui en revanche, était le matin à la cérémonie de commémoration des cents de l’Armistice. Les Présidents Chinois, Coréens, Japonais et le Premier Ministre Indien n’y étaient pas non plus.

Simultanément ou presque, l’Inde, la Nouvelle Zélande et l’Australie ont célébré le centenaire de l’Armistice. Paris a sonné ses cloches en plusieurs endroits à onze heures, en pleine cérémonie où l’image des écoliers tous vêtus de noir avec un foulard jaune était émouvante. Chaque geste, chaque parole avait prenait tout son sens lors de cette cérémonie exceptionnelle.

Peu après, le Premier Ministre Israélien a dû partir dans la précipitation en raison de violences qui ont éclaté dimanche, dans la bande de Gaza. Ses nombreux homologues, soixante dix, ont gagné la salle de conférence spécialement aménagée pour ces assises sur et pour la paix.

La symbolique de ‘‘table ronde’’ où l’orateur pouvait s’accouder puis s’adresser à l’auditoire en tournant autour d’une petite table à hauteur de bras et en forme de tabouret de bar, en lisant son texte sur quatre prompteurs à même le sol, répartis symétriquement pour faciliter le lecture en mouvement. C’est la première édition d’un rendez-vous qui sera annuel.

Une rencontre de plus

Dans tous les esprits, la question qui fâche : un discours de qui qu’il soit, dit avec l’éloquence la plus remarquable est-il encore audible ? N’en avons-nous pas tellement entendus de bons, de très bons qui n’ont en rien influencé un changement réel de notre quotidien? N’en faudrait-il donc plus pour autant ? Des actes concrets qui impactent véritablement le mieux être des peuples du monde peuvent-ils encore être posés, en conséquence de ce type de rencontre?

Les observateurs que nous sommes tous, prenons l’information et nous disons que si de réelles avancées devaient en sortir, nous serions les premiers à applaudir et à nous dire qu’il fallait y croire, mais pas avant. Si lundi et mardi, des master class avec des Prix Nobel, des Chefs d’Etats et de Gouvernements, des chefs d’entreprises, des individus sont organisés pour recueillir leurs idées, leurs propositions, peut-être que nous en saurons davantage sur leur mise à profit et que nous en guetterons les résultats.

Encore faut-il que ‘‘les choses’’ soient dites. Qu’un chat soit appelé ‘‘chat’’ et que cessent enfin les prétextes de la diplomatie qui tendent toujours à justifier les ‘‘non dits’’ et les hypocrisies d’usage sous couvert des ‘‘jeux diplomatiques’’ pour oser enfin ‘‘se dire les choses et avancer vers cette paix qui doit sortir des discours et entrer dans le quotidien de tous.

Le constat

Le tableau brossé successivement par le Chef de l’Etat Français, la Chancelière Allemande, le Premier Ministre Canadien et le Secrétaire Général des Nations Unies peut faire peur. Ils disent leurs inquiétudes, en ne feignant plus l’optimisme habituel des discours de circonstances auxquels nous sommes habitués. Il est des réalités que l’on ne cache plus, parce qu’elles sont sues de tous. Des abcès à crever. Les crève-t-on vraiment ? Ne préfèrent-ils pas passer un coton imbibé de mercurochrome sur une grosse boule pleine de pu sur laquelle on pose une compresse et du sparadrap ?

Le Venezuela, le Yemen, sont à terre ! Les enfants Yéménites n’ont plus qu’une fine couche de peau transparente sur des os saillants et si fragiles ! Les Coptes en Egypte subissent le triste sort que nous connaissons pour leur seule chrétienté ! La jeunesse africaine rêve d’occident parce-que la plupart de leurs pays respectifs ne la fait pas rêver et c’est peu dire ! Combien ont fini noyés en Méditerranée ? Des citoyens africains notamment en Lybie, frappent, volent, viols et tuent leurs propres frères et sœurs, avant même qu’ils soient sortis d’Afrique.

A Sanaa, la capitale du Yémen, Radhya al-Mutawakel dirige Mwatana l’organisation de défense des droits de l’homme. Elle s’indigne : « C’est une honte d’alimenter la guerre alors qu’on peut agir pour y mettre fin. Vous êtes un pays européen qui peut avoir beaucoup d’influence sur le terrain et mettre fin à la guerre. Donc, j’attends de Macron qu’il fasse un geste positif pour pousser les Saoudiens et tous les belligérants à s’assoir à la table des négociations afin de parvenir à un accord de paix. »

Qui doit faire cette Paix quand on sait que la France, pays organisateur de ce nouveau Forum sur la Paix a été le troisième plus gros vendeur d’armes pour l’année 2017 ? Peut-on ‘‘faire la guerre’’ chez les autres et vouloir la paix en même temps ? N’est-ce- pas ce qui existe depuis toujours ? Où sommes-nous ? Dans quel monde vivons-nous ? Ce ne sont pas ces seules questions qui nous trottent dans la tête, il y en a beaucoup d’autres encore auxquelles nous pensons ne pas avoir de réponse. Pourtant, si !

Convoquer plutôt qu’invoquer

La jeune génération de dirigeants aux quatre coins de la planète a des exemples à foison sur les grandes époques de l’histoire du monde, pour ne pas s’en servir. Il est vrai que certaines réalités d’aujourd’hui, notamment en ce qui concerne la cybercriminalité, sont inédites, mais l’armement, les lobbies de ventes d’armes sont entre autres ‘‘un mal pour un mal’’. Rien, en dehors d’un capitalisme sauvage et d’égos démesurés de ‘‘puissance’’, ne peut justifier cet état de fait.

La paix est invoquée de toutes parts et par tous depuis la nuit des temps. Est-elle ‘‘arrivée’’ pour autant ? N’est-il pas plus que temps de la convoquer au lieu de continuer à l’invoquer dans des discours les uns plus stériles que les autres ? Oui, la convoquer. Non pas avec des mots mais des actes concrets. De vrais actes politiques certes et soutenus par des actions sociales qui répondent véritablement aux attentes des populations de notre monde.

Faut-il rappeler que les changements climatiques dus en partie à des prises de positions politiques très discutables sont évitables ? Les exemples ne se multiplient-ils pas au jour le jour sous nos yeux ? Les questions environnementales ne sont-elles pas le ‘‘casse-tête du siècle’’ mais dont les solutions sont à portée de mains, à condition que les intérêts égoïstes des ‘‘puissants’’ ne prennent le dessus sur l’intérêt général ? Il y a donc une issue.

La seule issue à notre portée

Je crois que cette ‘‘paix’’ personne ne la fait ni ne la fera jamais à notre place. C’est en fait, concrètement, à nous-mêmes, à l’échelle individuelle, de la faire. Ni aucun Gouvernement, ni aucune institution si grande et si prestigieuse soit-elle, ni même ces rencontres qui réussissent à asseoir les plus grands de ce monde dans la même salle, ne fera jamais cette Paix. Celle avec grand ‘‘P’’ que nous appelons tous et qui semble s’éloigner autant que nous l’invoquons.

A nous, petites gens, une à une, de décider de manière personnelle à faire advenir une ère de paix. C’est ici que l’adage qui dit : ‘‘Sois le changement que tu veux pour le monde’’ prend tout son sens. Mais pour cela, il faut être un minimum instruit. Voilà pourquoi la question de l’éducation et de l’instruction dans les familles et à l’école est vitale ! Pour prévoir, il faut prévenir et pour prévenir, il faut savoir.

Les voix jadis étouffées des enfants et des femmes émergent peu à peu. Celle des femmes grâce à une, puis deux, puis cent, puis mille femmes se fait de plus en plus entendre et les législations s’adaptent aux changements soutenus par des individus, puis des groupes, des états et des nations. Belle preuve que des changements insoupçonnés peuvent advenir, pourvu que l’engagement individuel y prenne part et amorce le changement souhaité. C’est à mon avis, la seule issue à notre portée.

 

Photo onu.delegfrance.org

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2 Comments

  • Merci Arnaud pour ce bel article sur la Paix. J’espère que l’anedocte « sois le changement … » faira de l’impact sur tout celui qui lira cet article. Comme qui dirait « Si tu ne peux pas changer le monde, changes toi, toi même ». Toutefois, la problématique reste toujours ces gens qui donnent des léçons de Paix et qui en méme temps fournissent les armes aux belligérants. C’est « proxènete qui traite de putain la fille qu’il envoi dans la rue » . Le quid pro quod.

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