Le climat

Quel temps fait-il maintenant chez vous? Est-il normal ou conditionné par les gros changements en cours ? C’est LE sujet du moment, en plus de tout ce qui fait bouger le monde aujourd’hui. De Un milliard d’humains en 1900, nous sommes passés en seulement un siècle à sept fois plus. Notre terre surexploitée pour les besoins de sept milliard d’êtres humains ne tiendra pas ‘‘longtemps’’ à ce rythme. Cela vous le savez n’est-ce pas ? Mais savez-vous seulement à quel point il est urgent de changer la donne et ce qu’est véritablement la situation actuelle ?  Loin de moi l’idée d’être alarmiste même si cela serait tout à fait justifié.

Les années 2018-2022 s’annoncent plus chaudes que prévu par les climatologues à l’échelle planétaire. Même en occident de nombreuses villes n’avaient jamais été au-delà des 25˚C de température maximale. L’urgence est telle qu’à l’ouverture de la COP 24 lundi à Katowice en Pologne, le Secrétaire Général des Nations Unies a déclaré : ‘‘Nous n’allons pas du tout dans la bonne direction» pour freiner le changement climatique qui «va plus vite que nous. (…) Même si nous sommes les témoins d’impacts climatiques dévastateurs provoquant le chaos à travers le monde, nous ne faisons toujours pas assez, nous n’allons pas assez vite’’. C’est le cri d’alarme d’Antonio Guterres.

Les paradoxes

Si l’un des pays les plus pollueurs de la planète, les Etats-Unis, se sont retirés de l’accord de Paris, et que d’autres mesures protectionnistes n’ont pas fini de choquer le reste du monde, n’est-ce pas encore plus choquant qu’un pays hôte du plus grand rassemblement international de l’urgence écologique, la Pologne, campe sur ces positions ? Lesquelles ? Le président polonais Andrzej Duda a affirmé que tant qu’il sera président, personne n’assassinera l’industrie minière. Il refuse d’abandonner le charbon ! Près de 80% de l’électricité dans le pays est produite à partir du charbon. Plusieurs millions de tonnes de charbon sont extraites chaque année.

Les deux cent pays réunis pour ce sommet sont appelés à trouver des solutions pour atténuer les impacts du réchauffement climatique qui ne font qu’empirer. Il n’y a aucune contrainte ni mesure ‘‘punitive’’ pour les pays réfractaires aux changements.  Cela permet d’entrer et de sortir ‘‘sans contrainte’’. Le Chef de l’Etat Polonais a déclaré : ‘‘nous sommes ses organisateurs, mais nous y sommes aussi pour dire la vérité sans tenir compte du politiquement correct, ce dernier étant très souvent dicté par des intérêts étrangers et non polonais.’’ Sans commentaire !

A qui l’ ‘‘affaire’’, alors?

Je vois la question poindre du bout de plusieurs lèvres : ‘‘ Que voulez-vous que je fasse’’ ? ‘‘Que puis-je y changer, moi? Même à plusieurs, qu’y pouvons-nous ? ’’. Ou encore ‘‘Qu’avons-nous fait pour mériter d’être responsabilisés aujourd’hui, si les pollueurs eux-mêmes se dédouanent ? Y sommes-nous pour quelque chose, nous ? ’’. Sans doute, mais ce n’est ni de votre faute, ni de la mienne. Il ne s’agit pas d’attribuer-à ce stade- des fautes. Il s’agit de faire le constat et de nous informer pour contribuer aux solutions. Pourquoi ?

Parce-que quand le monde subit les conséquences de phénomènes divers, nous entendons dire : ‘‘…les pays sub-sahariens sont ceux qui seront les plus touchés…’’ même quand nous ne sommes guère responsables de grand-chose. Nous ne faisons ni de loin ni de près partie des pays pollueurs, mais nous sommes des victimes assurées d’être très lourdement touchés par les conséquences de ce réchauffement climatique. Il nous faut donc mettre les mains dans le cambouis, avent que celui-ci soit au dessus de nos têtes et que nous ne puissions plus rien y faire. Oui, c’est possible.

Le négociateur en chef du Groupe des négociateurs africains (AGN), Seyni Nafo en répondant à une interview du Service de Communication de la Banque Africaine De Développement, affirme : ‘‘ Oui, l’Afrique peut être optimiste pour plusieurs raisons : on ne peut nier qu’une prise de conscience s’est faite à travers toute l’Afrique, avec une réelle considération des enjeux du côté des politiques. En 2014, on avait à peine une réunion par an de chefs d’État africains sur le sujet, et le Comité des chefs d’État et de gouvernements sur les changements climatiques était le seul organe dont nous disposions. Depuis 2015, trois à quatre réunions ont lieu en Afrique chaque année et nous comptons désormais six initiatives continentales, chacune portée par un chef d’État. Et puis, nous n’avons jamais été aussi bien structurés au plan opérationnel, avec l’AGN qui travaille étroitement avec les pays membres pour accélérer la mise en œuvre sur le terrain ’’.
 
L’Africa Green Growth Forum

Les 26, 27, 28,29 et 30 novembre derniers dans la capitale rwandaise, Kigali, s’est réuni un millier de participants à la toute première édition de l’Africa Green Growth Forum « Pour une Afrique verte et résiliente ». Ensemble, partager les meilleures pratiques internationales et mettre en lumière l’importance d’une transformation économique durable, d’après l’annonce officielle du Ministère rwandais de l’Environnement. D’après les initiateurs, « il est urgent d’élargir le partage des outils et de l’expérience en matière de développement durable face à des changements de plus en plus rapides du climat de la Terre et ses graves répercussions sur le développement de l’Afrique ».

N’est-ce pas là un bon début pour nous permettre d’envisager notre participation à la connaissance de plu en plus précise de ce que nous pourrions apporter comme contribution si petite soit-elle ? Des ateliers thématiques et des rencontres ont permis de répondre à la question que nous nous posions tout à l’heure : ‘‘ Que voulez-vous que je fasse’’ ? ‘‘Que puis-je y changer, moi? Même à plusieurs, qu’y pouvons-nous ? ’’. Des décideurs, des experts, des investisseurs et des chercheurs avaient fait le déplacement pour tenter de faire avancer ces efforts et attirer l’attention sur l’importance de la transformation économique durable pour le continent.

A l’échelle individuelle

De tels efforts ne seront couronnés de succès que si l’Afrique se réunit pour partager les meilleures pratiques, mobiliser des ressources et encourager les investissements et l’innovation en matière de la croissance verte, certes. Mais aussi, si à l’échelle individuelle nous nous engageons en âme et conscience à adopter de nouveaux réflexes dans notre gestion domestique des ressources en eau, électricité et gaz pour ne citer que ceux-là. Il existe des gestes simples pour ne pas laisser plus d’eau couler des robinets que nous n’en avons besoin à l’instant. Le même réflexe vaut pour les lumières allumées dans des pièces où il n’y a personne ou encore ces appareils alimentés au courant électrique qui restent branchés alors que nous n’en faisons aucun usage à l’instant.

Le réflexe responsable individuel peut d’emblée nous paraitre très simple à adopter. Erreur ! Ce n’est pas aisé d’avoir constamment à l’esprit des réflexes avec lesquels nous n’avons pas forcément grandi. L’économie des énergies est une question d’éducation de base que beaucoup d’entre nous n’avons connu. En plus, il nous faut nous auto-éduquer en même temps que nous éduquons partenaire et enfant(s) à n’user d’énergie domestique que celle dont nous avons strictement besoin à un moment donné. Bien au-delà de chez nous, l’eau et/ou les lumières de chez nos voisins qui nous paraissent avoir été ‘‘oubliés’’ de fermeture (robinet) ou extinction (lumières extérieures en plein jour) sont désormais notre affaire !

C’est tout un apprentissage bien plus exigeant qu’il n’y parait. C’est de chaque petit pas individuel, familial, citoyen que se formeront plusieurs pas d’une communauté grandissante. Celle-ci remportera progressivement des challenges dont les bienfaits seront difficilement quantifiables pour la conscience collective, dans un premier temps mais qui n’en seront pas moins des pas de géants si la progression ne cède pas au découragement et au relâchement. Pour cela, il faut vraiment que l’individu de notre temps soit parfaitement conscient des enjeux du moment et soit convaincu de l’impératif d’un changement qui ne peut plus attendre et qui part forcément de soi et pas forcément des autres.  

Arnaud Nkusi

Photos: Padmini Gopal, Communication BAD, Médiaterre.org

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