Samuel Kamanzi, c’est parti!

18 heures, c’est l’heure marquée sur le carton d’invitation. Vingt quatre personnes l’ont reçu. Ils s’ajouteront à madame et monsieur Fontana, les hôtes de maison. Puis à Papy, l’ingénieur du son et à madame et monsieur Kamanzi. Impakt Info arrivé plus tôt est le seul média présent au lancement de Dunia. 

L’évènement se déroulera dans quelques minutes sur les hauteurs d’une des plus belles collines de la ville de Kigali. Pour y accéder, il faut serpenter la colline et tenir son chemin jusqu’à la porte d’entrée où l’accueil commence par cette porte téléguidée, qui coulisse en guise de bienvenue. 

La grande pièce de vie a été intelligemment disposée. L’assistance sera assise face au plateau d’où sera lancé la première. Les sièges respectent scrupuleusement la distanciation sociale pour raison sanitaire et un gel désinfectant est mis à disposition à l’entrée. De petits cousins aux motifs africains sont posés sur chaque siege et sont assortis – par pur hasard- à la chemise de l’artiste que nous célébrons.

Les lumières testées et re-testées sont fonction de l’entretien et de l’écoute de chacune des cinq pistes du disque. Test micro, coup d’oeil sur chaque détail. ‘‘Aїe! J’ai oublié de vérifier le cash power. J’y vais.  La crainte du maitre de maison était fondée: ‘‘Vous savez quoi? Il est dans le rouge! Mon Dieu qu’est-ce qui serait arrivé, si je n’avais pas regardé?’’ Il pianote sur son téléphone, l’achat est fait et l’approvisionnement en électricité aussi. 

Á la cuisine, petits fours et boissons fraiches sont prêts. Un fond de musique est distillé dans la maison, le choix de l’éclairage est réfléchi. Il fait à la fois office de lumière basique mais colorée, doux et donne une ambiance chaleureuse dans cette maison où la petite tension de l’artiste a gagné chacune et chacun. Oui, ça sent la première et rien n’est jamais gagné à l’avance. On a beau avoir déjà été sur plusieurs scènes, plus prestigieuses les unes que les autres, une première reste toujours une première.

Les invité.e.s masqué.e.s arrivent sans se presser, vont s’embrasser mais se souviennent que le contexte le proscrit et s’éloignent à regret. Alors, les regards s’envoient toute la chaleur dont ils sont capables. La communication avec les yeux a-t-elle jamais été aussi sollicitée dans nos sociétés où les embrassades sont légendaires? D’aussi loin que je me souvienne, je n’avais encore jamais vu cela. Vous non plus, n’est-ce pas? 

Le soleil s’est couché depuis peu, le soir s’annonce agréable. Les convives prennent un verre, visiblement heureuses d’être là, l’ambiance est bon enfant. Cachant bien son appréhension, l’artiste passe de personne à personne, soucieux de saluer chacune et de la remercier d’être là. Il est plus de dix-huit heures trente. Le parrain de la soirée, Giorgio Fontana fait le tour, les cent pas, inquiet de voir l’heure annoncée passer.

N’en pouvant plus, il prend une clochette, sonne et invite tout le monde à s’installer. Les micros sont ouverts: ‘‘Bonsoir. Merci d’être venu.e.s. Nous vous prions de mettre vos téléphones portables en silence, vous allez être servis.’’ L’ingé-son est introduit, hoche la tête en guise de salutation, prêt à y aller. Remerciements aux compagnons de longue lutte, en citant nommément les individus et le rôle de chacun pour en arriver à ce 23 octobre 2020.

Samuel Kamanzi se jette à l’eau. Le premier titre est lancé. Ovation à la fin de Nyirabisabo. S’en suit Rafiki puis Mbese muraho. L’audience est conquise et la parole est lancée. Le public s’exprime. Luc Buntu, en premier. Deux , trois, six prises de parole et puis l’ingé-son lance la seconde partie de la séance d’écoute, l’éclairage est baissé. Melodies within her heart d’abord et le dernier mais non le moindre: Dunia. Applaudissements nourris. 

Sorti de la pénombre, le public redemande le micro, il veut s’exprimer. Les femmes timides au premier tour, se lancent et décrivent leur ressenti. L’artiste à l’honneur est très ému. Il écoute attentivement ce que disent les intervenant.e.s. Il prend soin de répondre à chaque solicitation ne sachant trop comment dire sa reconnaissance. L’occasion rêvée pour lui de dire à Judo Kanobana toute son estime et sa disponibilité ‘‘à chaque fois que ce dernier aura à son tour besoin de lui’’. Á l’ancien manager du groupe Ikobe, Samuel Sangwa devenu aujourd’hui le présdent Afrique de la Confédération Internationale des Sociétés  d’Auteurs et Compositeurs, il dit tout le bien qu’il en pense . 

Puis soudain, à l’insu de Samy, comme l’appellent les siens, l’assistance voit s’ouvrir un boitier duquel sort une haut parleur et un téléphone sous ses yeux étonnés. ‘‘ Samuel, tu as invité une poignée de personnes, pourtant d’autres se sont invitées. Elles veulent à leur tour te dire ceci:  ‘‘ Coucou Samuel, je veux simplement te dire que c’est un très grand honneur de te connaitre. La personne que tu es. L’artiste incroyable et immense que tu es. Tu viens de nous pondre, si je peux me permettre, un magnifique album, même s’il n’est que de cinq chansons, il est tellement profond, tellement beau. Je te dis bonne chance. Que Dieu te garde et te donne encore la force d’aller beaucoup plus loin. Prends soin de toi. C’est ton frère Lokua Kanza  ».

Nouvelle ovation du public tout autant surpris que l’artiste. Ce n’est pas tout. Encore une visite innattendue: « Samuel, vas de l’avant et grandis, mon enfant. Que de belles choses je viens d’écouter. Quelle voix nous avais-tu caché là! Quels doigtés de guitares, quelles musiques empreintes de sagesse et d’une grande délicatesse! Ay yaya yayay! Que te dire? Continues. Tu viens de me rappeller ces bons moments passés ensemble et ces chansons que je n’oublie pas. Ecoutes: continues. Vas de l’avant, avec force. Le talent, tu l’as. M’entends-tu? Je suis ta Maman, ta collègue dans le métier, je suis même ton amie. Vas de l’avant. ». Le danseur professionnel, Wesley Ruzibiza et  Chris Scwagga, le photographe qui a réalisé la pochette du disque distribuent tous les deux les disques généreusement offerts à chaque invité.e. La dernière intervenante, c’est celle qui connait davantage l’homme que l’artiste et qui, avec l’auditoire avoue mieux comprendre l’artiste après cette séance d’audition. Après tous les intervenants, elle lève la main en guise de demande de parole, le micro lui est remis, elle se lève, se place à droite du public, à gauche du plateau et avoue : ‘‘ Le monde des artistes m’était toujours apparu comme un monde de vouyous, de gens peu recommandables. Je me demandais si ton métier pouvait générer des revenus et nourrir une famille. Aujourd’hui, je sais que ton art est à lui seul une vraie richesse, plus importante que l’argent. Avec toi, j’ai appris que ce n’était qu’un à priori. Je te promets désormais tout mon soutien.’’, conclut-elle. Tout ému, Samuel Kamanzi balbutie un Merci chérie à son épouse. Il est vingt heures cinquante cinq.

 Disponible en CD et sur toutes les plateformes de téléchargement légal.

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2 Comments

  • Merci beaucoup Arnaud pour ce reportage du lancement de l’album de Samy. J’ai eu de mal à reconnaitre que c’était Samy, Samuel Kamanzi je ne connaissais pas. Mais quand même pour avoir passé quelques temps ensemble, j’ai assez vite compris qu’il s’agissait de lui. C’est sûr qu’il sort quelque chose de spécial de lui … j’ai hâte d’écouter cette oeuvre …

    • Bonjour Raymond,
      C’est nous qui vous remercions pour votre fidélité à http://www.impaktinfo.com
      Oui, l’artiste a offert une belle oeuvre à acheter et télécharger sur toutes les plates formes légales.
      Restez avec nous ici et sur tous nos réseaux sociaux.

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