Age quod agis

Où avons-nous le regard aujourd’hui? Avec ou sans notre consentement, l’actualité internationale s’invite sur tous les supports médias et nous montrent la Russie et l’Ukraine. Les chiffres Covid-19 et l’évolution des variants, les pluies diluviennes, les tempêtes, les catastrophes ci-et-là, les scandales liés au genre et les crimes sexuels sont un tout petit peu en arrière-plan, en raison de ce lourd dossier politique mais restent bien présents. Sur le plan économique, les conséquences, plus qu’immédiates, précèdent ces gros défis avec la chute des cours boursiers forts sensibles au moindre frémissement sur le terrain politique. Le baril du pétrole a dépassé les cent dollars, le blé atteint des chiffres qui influent forcément sur le prix du pain. Le gaz n’est pas en reste, ses prix flambent fortement. C’est la vie chère, l’insécurité et l’incapacité d’en venir à bout des responsables politiques qui soulèvent peuples et armées de l’ouest de l’Afrique pour aboutir aux coups d’état les plus récents.

Où est-ce que nos pays loupent l’essentiel? Sur quels points précis? Quelle analyse faire de ces situations à répétitions sur des décennies? C’est à se demander si la connexion entre les peuples et leurs dirigeants est d’avance biaisée. Est-ce une situation de laquelle notre continent peut encore se soustraire ou pas? La question se pose notamment en regard de rares exemples de pays africains en réel développement dont ne s’inspirent que très peu, trop peu de voisins. Par contre, la contagion de coup d’état dans une même région ouest africaine est chose vite, très vite faite. La jeunesse rêve alors d’ailleurs et risque sa vie pour toucher du doigt ‘‘le rêve’’ qui se trouve forcément ailleurs, se dit-elle, avant de se rendre compte que ce n’est pas forcément vrai ou peut-être, mais à quel prix! Les conflits ne sont pas non plus l’apanage des pays africains. L’occident peine encore à s’assurer une stabilité. Le cas de l’Ukraine en dit long!

Quoique dotés d’un armament qu’on pourrait à juste titre qualifier de ‘‘surarmement’’, les occidentaux rêvaient de leurs sociétés comme des éspaces d’échanges commerciaux où la ‘‘guerre physique’’ ne resterait qu’une hypothèse bien loin d’une réalité envisageable. L’assaut du capitole aux Etats-Unis pour refuser le verdict des urnes en disait long il y a à peine une année et rendait si visible la fragilité insoupçonnée des démocraties occidentales. La situation actuelle en Ukraine est inédite. Elle n’est plus une hypothèse, c’est une certitude. Elle vient de démontrer que tout est possible, à quelqu’endroit que ce soit de la planète. Où que vive âme humaine, le meilleur côtoie constament le pire. Contre toute attente, l’Europe est en guerre, attaquée sur son sol. C’est un drame qu’elle n’avait plus connu depuis 1945. La voie diplomatique a usé en vain toutes ses cartes. L’ ‘‘ordre international’’ est attaqué en plein coeur.

Que faire? La question se pose vraiment. Elle est légitime. Notre monde, de partout, fait face à ses fragilités. Les intérêts des uns s’estiment incompatibles avec ceux des autres, surtout lorsque les rapports de force sont inégaux. Les Etats sont organisés de sorte que le fameux ordre international prenne d’abord en compte, les plus riches et les plus armés . Plus un Etat l’est, plus sa voix est audible. Nos Etats en Afrique s’enfoncent encore dans leur(s) mode(s) de gouvernance(s) qui les rendent si dépendants de l’ ‘‘aide internationale’’ et où les intérêts de cercles proches du pouvoir priment sur ceux de leurs peuples. Il y a en fait, comme le dit Mahatma Gandhi, assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l’homme mais sans doute pas assez pour assouvir son avidité. La voie au terrorisme et aux coups d’état s’en trouve ainsi dégagée et propice à toutes les dérives. Le cercle vicieux se répète, s’éternise et terni toute lueur d’espoir. Non pas dans un pays, dans une région, mais dans quasiment toute notre Afrique!

En plus des cyberattaques, ces situations de crises diverses sont du pain béni pour les relayeurs de fausses nouvelles qui s’adonnent à coeur-joie à tous les montages possibles et imaginables. C’est le revers de la médaille d’un monde ‘‘hyper connecté’’. Certains gouvernements, organisations et individus peuvent – et certains d’entre eux font – pour des raisons de communication et d’influence d’opinions, des nouvelles éloignées de la réalité et n’en mesurent pas toujours les conséquences sur les moyen et long termes. La campagne mondiale de vaccination contre le Covid-19 est un cas de figure particulièrement éloquent sur ce que peut engendrer la désinformation. Faire la part entre Info et Intox est un défi qu’il nous faut relever plusieurs fois au quotidien, lorsque l’on se tient informé de l’évolution d’une situation donnée. Réfléchir par deux fois, avant de relayer une information. S’abstenir même le plus souvent, lorsqu’elle n’est pas vitale pour notre destinataire. C’est par les temps qui courent, une exigence si nous voulons faire la part entre bon grain et l’ivraie.

Alors, que faire? Où puiser l’espoir de changements possibles? Je suis toujours convaincu que toute ébauche de réponse à cette question est à chercher dans le meilleur de soi. Ne pas attendre de solution-miracle de qui ni d’où que ce soit, sinon d’abord en soi. Et la promesse de la petite Thérèse de Lisieux de faire des choses ordinaires, de façon extraordinaire est intéressante en ce sens que le sujet ne va pas chercher plus loin qu’en lui-même la réponse à cette préoccupation du changement que l’on désire ardemment. Les évènements dans le monde actuel ont un mérite, c’est celui de démystifier les leaders. Ce sont des femmes et des hommes qui ont certes réussi à conquérir le pouvoir mais une fois qu’ils l’ont eu, qu’en ont-ils fait? Quel est le gain réel des populations qui ont fondé leurs espoirs en leur leader? Nelson Mandela dit : Ce qui importe le plus, ce n’est pas tant que nous ayons vécu. C’est la différence que nous avons faite dans la vie des autres qui déterminera le sens de la vie que nous avons menée. Les jeunesses africaines dans les cinquante quatre pays du continent et celles de la diaspora veulent de vraies raisons d’espérer. Où les trouver? Dans chacun.e de nous lorsque nous faisons correctement ce que nous avons à faire. Ni plus, ni moins. De personnes inspirantes, il y en a à foison, et nous vous en montrons souvent ici dans plusieurs de nos rubriques. Dans plusieurs domaines, des personnalités se distinguent par leur façon de faire ce qu’elles ont ‘‘à faire’’. Ce ne sont pas les exemples qui manquent. Pour notre part, nous vous proposons de vous inspirer ou d’observer le parcours d’une dame sénégalaise, experte en relations publiques (voir Signé Seynabou Dia Sall). Bientôt, nous vous ferons rencontrer un jeune talent du Basket Ball, Elie Kaje, qui pourrait en inspirer plus d’un! Avec ses coéquipiers la REG, ils viennent de remporter le titre de la Basket Ball Africa League en battant la Ferroviario da Beira 94-89 à Dakar et se qualifient ainsi pour les éliminatoires de mai prochain à Kigali. Une autre inspiration?  C’est le récit de Jocelyne Béroard dans son livre Loin de l’amer paru il y a à peine quelques heures aux Editions du Cherche Midi. Un fil conducteur guide toutes ces quêtes du ‘‘meilleur’’, c’est leur persévérance et la formule: bien faire ce qu’il y a à faire. Age quod agis!

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10 Comments

  • Excellent article.

    • Bonjour Patana,
      Bienvenue sur Impakt Info.
      Merci.

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  • Le sujet abordé est pertinent et actuel.

    La solution proposée est, à mon humble avis, la plus efficace et la plus courageuse car, elle demande à chacun de se regarder dans un miroir et de rechercher les solutions en soi-même sans se voiler la face. En appliquant ce que l’homme a appris à faire avec brio: rejeter la faute à l’autre. N’avons-nous pas l’exemple parfait dans le livre de la Genèse où notre ancêtre (pour ceux qui croient les paroles de la Bible) Adam fût le premier à accuser la femme pour ses propres erreurs en indiquant indirectement à Dieu qu’Il était le premier fautif? (Genèse, 3.12 – L’homme répondit: (La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé.)

    Nous vivons une période critique de l’existence de l’homme qui demande à ce dernier de prendre sa vie en mains en recherchant à plaire à son Dieu qui lui est devenu étranger et qui reste enfermé dans les tiroirs à l’abri des intempéries (la bible).

    « Bien faire les choses que j’ai à faire. » Oui, une phrase que je me suis permis de transformer car elle devrait, à mon sens, être personnelle et privée. Une phrase à la fois simple et difficile à réaliser à cause des mauvaises habitudes ancrées en nous du fait de toujours rejeter tous les malheurs et tout ce qui nous arrive aux autres,à l’homme blanc ou encore à Dieu. Une phrase simple si chacun se l’appropriait et surtout la mettait en pratique en imitant les personnalités citées dans l’article, de Jocelyne Béroard à Elie Kaje.

    Devenons nos propres héros et le monde en profitera. Soyons critiques de tout ce qui est autour de nous, remettons en question tout ce que nous apprenons des médias, posons-nous les bonnes questions et simplement faisons bien ce que nous avons à faire.

    • Bonjour Jean -Pierre,
      Merci davoir pris le temps de lire et de nous faire part de votre point de vue.

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  • Quel éditorial !
    Bravo Impaktinfo … pour ce bel aperçu du nouvel ordre politico-juridique et socio-économique international qui se dessine . La crise du covid-19 et du confinement passe, les gué-guerres des “pays civilisés” prendront fin …Tout à fait d’accord avec vous l’Afrique jouera un rôle déterminant dans les années à venir par le biais de sa jeunesse dynamique et ambitieuse , un leadership innovant, la maitrise des nouvelles technologies de l’information et de la communication, les intégrations régionales qui s’affirment …
    Chapeau bas à A.N.

    • Bonjour Raymond Gatera,
      Merci pour votre fidélité, nous vous en sommes reconnaissants.
      Merci d’avoir exprimé votre point de vue sur la question en apportant vos exemples, merci aussi pour vos compliments.

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  • Très bel article et pertinent pour tout un continent ! Très belle conclusion: Age Quod Agis ! Mon père me le répétait souvent et me le redit encore aujourd’hui ; et je conclue encore certaines de mes présentation par cette phrase mythique : Age Quod Agis ; fais ce que tu fais mais fais le bien, sois le meilleur de toi-même dans ce que tu fais ; sois le meilleur tout simplement dans ce que tu entreprends. Merci Arnaud !

    • Bonjour Danny Mutembe,
      Merci de venir vous exprimer ici et de nous raconter cette belle anecdote.
      La question du « Bien faire » est le sujet favori de notre rédaction. C’est lui qui est à la base de l’existence de votre Magazine Impakt Info. C’est dire si le thème est au coeur même de notre vision de l’Information et de la communication.

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  • Un bon article très enrichissant. Ça serait mieux si vous publieriez un article comme celui ci chaque semaine. Ça nous ferait plaisir et on attend votre réponse

    • Bonjour Théo,
      Bienvenue sur Impakt info.
      Nous travaillons à satifaire cette régularité. Nous y sommes, presque…
      Merci de patienter encore un peu…

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