Arnaud Nkusi 
Il n’est en fonction que depuis une année et demie et n’a que a quarante trois ans. Il a, dès sa prise de fonction, mis fin à l’état d’urgence, rendu leur liberté aux opposants politiques muselés dans les pénitenciers tout obtenant des députés de lever l’interdiction de toute opposition jusqu’alors verrouillée par l’Assemblée Nationale. Sa popularité a dépassé les frontières nationales, son audace et l’aura qui va avec viennent d’être reconnus au jeune Premier Ministre Abiy Ahmed.
Il y a quelques heures, le Premier Ministre Ethiopien devenait l’élu du comité Nobel à Stockholm pour le très prestigieux Nobel de la Paix 2019. Il était sur la liste restreinte aux cotés de la jeune activiste écologiste Greta Thunberg et de deux organisations qui n’ont plus rien à prouver dans leur engagement en faveur de la société humaine. D’une part, Reporters Sans Frontières et de l’autre, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés.
Pourquoi lui, en fin de compte ? Sans doute parce qu’il est l’artisan de la réconciliation de son pays avec l’Erythrée, en plus des qualités personnelles que nous évoquions plus haut. Il avait, lors de sa toute première allocution de chef de la Primature, dit sa préoccupation de mettre fin aux pratiques répressives et d’exclusion qui n’augurait rien de bon pour l’Ethiopie. Il invitait ses compatriotes à changer de fusil d’épaules pour le combat du développement. C’était en avril de l’année dernière. Les résultats ne se sont pas fait attendre.
A lire, l’Edito : Bonne foi et bon sens https://impaktinfo.com/bonne-foi-et-bon-sens/
Le courage politique paie ! Son combat s’est étendu sur le terrain économique où les investissements étrangers ont été encouragés et son engagement a débouché sur une croissance économique aujourd’hui évaluée à plus de 8%. Cela suffira t-il au jeune Premier Ministre, dans un contexte politique qui se durcit, pour l’organisation d’élections libres et transparentes ? C’était sa promesse pour l’année prochaine.
La situation politique de ce pays de la corne de l’Afrique était délétère et aurait probablement sombré dans une guerre civile ou presque. Les efforts du nouveau Premier Ministre n’ont hélas pas empêché un million huit cent mille Ethiopiens à fuir les violences ethniques. Cet état de fait lui vaut moult critiques de la part de l’opinion qui estime qu’il n’a rien changé sur le plan de la cohabitation de ses concitoyens qui se regardent toujours -pour certains- en chiens de faïence.
Le monde retiendra ces images qui avaient faits le tour de la planète, lors de la réconciliation entre l’Ethiopie et l’Erythrée, voulue par Abiy Ahmed fraichement arrivé et le Président Erythréen Issaias Affeworki, en juillet 2018, soit trois mois après la prise de fonction à la Primature Ethiopienne. Cette initiative interafricaine se négociait en même temps que des pourparlers avec l’opposition se déroulaient et c’est cet esprit d’ouverture qui lui vaut d’être très bien accueilli de l’intérieur et donc de l’extérieur aussi.
La parité ne lui est pas étrangère puisqu’il a prit soin de nommer un Gouvernement avec 50% de femmes. C’est un signe qui ne trompe pas sur la vison de son leadership. Celui-ci est souvent critiqué parce-que, selon ses détracteurs il serait plus dans ce qui est considéré comme du ‘‘show off’’ plus que sur une feuille de route claire et défendable, quant aux actions concrètes pour aider son pays à traverser ses eaux troubles.
Photo: CNN, N World, klickr.com, sudouest.com
