Exigence de bonne gouvernance

Décisives. L’année  et la décennie. C’est ce qui fait la particularité de ce nouvel an. Le compteur n’est pas remis à zéro pour ‘‘repartir’’ sur de nouvelles bases comme le souhaiterait tout ‘‘bien intentionné.e’’ qui voudrait qu’une nouvelle année soit l’occasion de ‘‘se donner’’ de nouvelles chances de réécrire une histoire. Notre histoire ne se réécrit pas, elle suit son cours en se couchant sur de nouvelles pages. C’est sans doute ici qu’il faudrait la saisir au bond et lui en offrir de plus belles. C’est quoi donc ‘‘de plus belles pages’’ ? Ce sont des lignes droites ou courbes, pourvu que l’aspect social soit résolument prit en compte et que l’humain se porte mieux.

Les populations des quatre coins du monde expriment de plus en plus l’exigence d’un compte rendu de leurs dirigeants sur les actions mises en route ou qui trainent à l’être en faveur de leur mieux être social. La contestation populaire gagne les cinq continents, même la -jusqu’alors paisible- Australie, sidérée par l’inaction gouvernementale face aux feux qui ont décimé plus du tiers de ce pays-continent. L’Iran, les Etats-Unis, la Russie, l’Europe ou encore Hong Kong n’échappent guère aux contestations populaires depuis de longs mois. Le dénominateur commun de tous ces soulèvements est le sentiment d’injustice et un manque de confiance qui s’exprime par la violence.

En Algérie, les populations ont tenu de longs mois un mouvement qui s’est voulu le plus pacifique possible pour mieux faire entendre les revendications et ne surtout pas les parasiter par des actions musclées qui détourneraient l’opinion des vrais enjeux. Cette attitude a été saluée par le reste du monde. Tous les vendredis des semaines qu’a duré la contestation, la mobilisation n’a pas faibli, faisant comprendre à quel point un peuple pouvait tenir droit dans ses bottes et réclamer ‘‘son dû’’.

En observateur, comme certains d’entre vous, je pose la question de savoir si, la légitimité de ces mouvements de masse n’est en elle-même pas suffisante pour décider une bonne fois pour tous les acteurs de premier plan, gouvernants, de donner suite à ces doléances  qui se résument par deux mots : pain et paix.  Que manque-t-il donc tant à ces gouvernants pour entendre ce cri strident qui ne s’éteint pas tant que ces doléances ne sont pas entendues ?

Existe-t-il des paramètres incontrôlables et tout à fait indépendants de la bonne volonté des femmes et des hommes de pouvoir qui les empêcheraient de répondre favorablement aux doléances des leurs, celles et ceux qu’elles et ils sont censés conduire vers de meilleurs lendemains ? N’y a-t-il donc pas toujours moyen de faire advenir ces lendemains plus clairs et moins obscurs pour ces électeurs auxquels il était promis, il y a peu, d’améliorer le quotidien ?  

Qu’y a t-il donc dans la tête d’une Prix Nobel qui connait le prix de luttes quasi interminables pour des droits élémentaires et qui, à son tour, au pouvoir, laisse massacrer un peuple sans lever le petit doigt ? Le pouvoir insensibilise –t-il aux souffrances des autres, celles et ceux qui ne sont justement pas aux commandes ? Tous ne sont pas concernés. Il y a bien des exemples de gouvernance qui forcent l’admiration. Comment font-elles pour remonter cette pente que d’autres ont tant de mal à arpenter ? Quels sont donc ces outils dont font usage ces dirigeant.e.s qui sortent la tête de l’eau et relèvent le défi du mieux-être de leurs peuples ?

Cette Afrique de tous les défis compte cinquante quatre Etats. Combien de citoyennes, de citoyens sont fièr.e.s des actions de leurs responsables politiques ? Où donc est-ce que sécurité en tête peut rimer avec santé, éducation et pouvoir d’achat ? Si cette combinaison est possible théoriquement, est-elle vouée à n’être qu’un concept théorique dont la réalité est intraduisible dans le quotidien des millions d’enfants, de femmes et d’hommes qui peuplent le continent ? Les noyades à répétition dans la Méditerranée ne suffisent-elles pas à créer l’électrochoc susceptible de ‘‘réveiller’’ nos dirigeants et de les décider enfin à rectifier le tir?   

La bonne gouvernance, la prise en compte des besoins réels des populations qui ne demandent qu’à vivre décemment, est-ce une demande qui est au-delà des capacités de ceux qui, hier ne juraient que par le changement qu’ils seraient les plus indiqués à nous apporter si nous les élisions ? Cela demande certes une sacré dose d’engagement et de travail. Sont-ils, ces politiques prêts à faire ‘‘le job’’ pour conduire leurs peuples à un peu de décence et moins de misère ? Moins de corruption, plus de transparence, un réel souci du bien commun, est-ce des mots, des concepts impossibles à traduire en actes concrets au profit de l’humain ?

L’année que nous venons de commencer marque pour dix-sept de nos pays  le soixantième anniversaire de l’indépendance. Qu’en avons-nous fait ? De vraies indépendances ? Ce n’est pas le sentiment que j’ai, lorsque je vais demander un visa d’entrée dans un pays africain et que ma demande est redirigée vers l’ambassade d’un pays du continent européen, alors que ma demande est faite sur le sol africain. Voyez-vous donc à quel message cela renvoi, rien qu’au niveau de la symbolique ? Elites de chez nous, et si c’était de votre engagement citoyen qu’il est question ici et maintenant ? Et comment le faire autrement qu’en nous intéressant plus à l’humain et à son univers de vie, notamment en réduisant les inégalités, seul gage de la cohésion de notre humanité ? Aucune avancée sociale, aucun progrès économique ne saurait y échapper.  Ce sont des conditions sine qua non.

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